Visite de la Mission Santa Barbara:
#3 LE CIMETIÈRE
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Le cimetière abrite de nombreux types de sépultures, y compris des caveaux individuels hors sol, des fosses et des ossuaires, des mausolées familiaux, des mausolées de groupes, ainsi que des sépultures marquées et non marquées. En vous tournant vers la porte que vous venez de franchir depuis l’église, vous verrez se dessiner une tête de mort sur le dessus de la porte. Cela indique que nous sommes en présence d’un « campo santo », une tradition apportée d’Espagne pour désigner un cimetière, car les pierres tombales individuelles n’étaient pas utilisées à l’époque. En 1967, les Chumashs du lieu ont demandé le retrait des crânes d’origine, car ils pensaient qu’il s’agissait de leurs ancêtres et qu’ils devaient être enterrés conformément à leurs us et coutumes. Le père Virgil Cordano, alors gardien de la mission, les fit enlever et les remit à la tribu pour qu’ils soient enterrés. Ils ont été remplacés par les reproductions que nous voyons aujourd’hui.
En vous dirigeant vers la base du clocher, vous verrez une plaque en l’honneur de Juana Maria, appelée la femme seule de l’île de San Nicolas. Elle vivait sur la plus éloignée des Channel Islands, à 97 kilomètres au large des côtes. La femme seule était membre de la tribu amérindienne des Nicoleños, un sous-ensemble du peuple Tongva-Gabrieliño, qui vit encore principalement dans la région de Los Angeles. La vie marine foisonnante autour de l’île de San Nicolas a permis aux Nicoleño d’y vivre pendant des milliers d’années. Ils faisaient partie intégrante du vaste réseau commercial qui reliait les peuples des autres îles et du continent.
Cependant, au début des années 1800, les rivalités entre puissances impériales ont fait des ravages dans la région. Les Russes s’aventuraient toujours plus au sud en Californie, suivant le commerce de la fourrure. La Compagnie russe d’Amérique engagea un groupe de chasseurs aléoutes d’Alaska pour chasser la loutre de mer pendant deux ans et les installa sur l’île de San Nicolas. L’affrontement entre les Aléoutes et les Nicoleños était inévitable et se solda par un massacre des Nicoleños, en grande partie des hommes. Vingt-et-un ans plus tard, les Nicoleños restants furent expulsés de l’île, et plusieurs sources indiquent que certains d’entre eux se sont installés dans la région de Los Angeles. Tous les Nicoleños quittèrent donc l’île… Tous ? Non ! Une irréductible femme, la femme seule de l’île de San Nicolas, résistait encore. Elle a survécu, seule sur l’île, pendant 18 ans. Finalement, en 1853, des pêcheurs sont entrés en contact avec elle et elle est revenue avec eux à Santa Barbara. Elle y est décédée six ou sept semaines plus tard et a été amenée à la mission Santa Barbara pour y être enterrée. Les archives de la mission indiquent qu’elle a été enterrée à proximité du clocher est. L’histoire de la femme seule a été racontée dans le roman pour enfants L’île des dauphins bleus de Scott O’Dell.